Petit billet 3615 TAVIE (les plus de 40 ans comprendront) aujourd’hui avec une réflexion ou plutôt une sorte de rétrospective du comment je suis devenu un tantinet accro à la course à pied. On lit souvent à propos du bien-être, voir de la joie qu’apporte la pratique du running, aux fameuses endorphines qui nous émoustillent dès que les jambes tournent. Je dois bien avouer que tout ceci est vrai, même si au départ lorsque l’on décide de courir, c’est loin d’être évident. Parfois très loin. Même pour moi je n’y croyais qu’à moitié (bon allez, pas du tout même).
Un passé oisif
Je n’étais pas vraiment destiné à me bouger dans une activité sportive pareille. Contrairement à beaucoup de coureurs à pied, je n’ai pas un passé de sportif (si ce n’est du VTT il y a une vingtaine d’années), j’ai même évité ce terme pendant très longtemps, paraphrasant assez fièrement Churchill d’un « No sport. » dès que le sujet tombait. Même le sport à la télé ne m’attirait pas.
La seule activité que je pratiquais était la randonnée, mais uniquement pour le côté nature, voir aventure (même si mes randos sur plusieurs jours se comptent sur les doigts d’une seule main).
J’ai bien fait quelques tentatives de course à pied ces 15 dernières années, principalement motivées par la perte de poids, mais cela ne durait jamais plus de quelques jours.
Qui a dit crise de la quarantaine ?
C’est à l’aube de mes quarante ans (je devrais plutôt dire au crépuscule de la trentaine) que le besoin de faire quelque chose s’est fait de plus en plus ressentir. Une envie de bouger, d’arrêter d’être passif, de remuer un peu la machine. Nous sommes nés pour courir, nos vies se sédentarisant de plus en plus au fil de l’évolution, nous avons perdu cette capacité naturelle de nous déplacer en courant, mais qui est propre à l’être humain. Ce reliquat d’homme préhistorique refaisait-il surface en moi ? Peut-être.
Ce qui a mis le feux à l’étincelle, je peux le dire sans hésitation, a été la lecture d’un livre d’un auteur que je respecte beaucoup et dont je recommande la lecture, il s’agit de Finding Ultra de Rich Roll, ultra-marathonien vegan qui s’est pris en main à ses 40 ans pour devenir un des meilleurs athlètes de la planète. En écrivant cet article j’ai d’ailleurs découvert que ce livre est maintenant disponible en français sous le titre L’ultra marathon pour la vie.
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Des débuts en dents de scie
J’ai un petit peu couru lorsque nous habitions à Rome jusqu’en 2014, mais c’est vraiment à l’île Maurice que les choses ont pris un réel tournant. Je me suis documenté beaucoup plus sérieusement sur le sujet et j’ai compris pas mal de concepts de base, des choses comme le fait d’avoir l’humilité de commencer doucement avec un programme run walk run notamment, ou de ralentir pour mieux courir.
Les conditions pour débuter étaient loin d’être parfaites contrairement à ce que l’évocation d’île exotique dans l’océan indien peut faire penser. Très peu de spots sûrs pour courir, la nuit qui tombe très vite, il faisait nuit lorsque je rentrais de ma journée de travail, la chaleur et l’humidité. Mais c’est tout de même à Maurice que j’ai vraiment mis le pied à l’étrier.
J’ai commencé à prendre plaisir dans la pratique du running, le mot est peut-être un peu fort, disons que j’aimais l’idée de bouger mes jambes. Je faisais une activité physique, mais je devais me pousser un peu, entre Game of Thrones et aller courir, le premier gagnait encore souvent.
Ensuite, beaucoup de choses ont changé. L’hiver dans l’hémisphère sud avec des journées encore plus courtes, donc séance le weekend seulement, le retour en Europe et tout le bazar d’un déménagement international, nouveau job, nouvel environnement. Bref, il y a eu comme une bonne coupure et pas de course à pied vraiment régulière. Par contre la motivation de courir dans la nature vosgienne était décuplée ! Quel bonheur d’arpenter les petites routes au milieu des champs, les petits sentiers autour de chez nous. Fini les 32°C et 98% d’humidité, fini de courir sur le côté d’une voie rapide faute de mieux.
Ne pas faire n’importe quoi
Le running me gagnait plus naturellement, je me sentais pousser des ailes. Mais en même temps, il faut le dire maintenant, je m’usais un peu, je finissais mes sorties plutôt mort, aucune blessure, mais lessivé. Pris dans mon élan, je poussais un peu trop la machine et je m’épuisais, ce qui résultait en une baisse de motivation due à la frustration et à une demande physique trop intense.
J’ai donc réduit mes sorties, non pas par acquis de conscience de ma mauvaise pratique, mais parce que je perdais ce plaisir que le running doit procurer. J’ai fait un peu le point. J’ai de nouveau pas mal lu et j’ai décidé de courir mieux, d’avaler ma fierté et de ralentir. Car il faut bien le dire et le redire, même si on sait que courir moins vite est bénéfique – le travail d’endurance fondamentale doit représenter au moins 70% du volume d’entrainement – on a toujours tendance à vouloir faire un peu plus, un peu plus vite, souvent les yeux rivés à la montre (mais pas assez sur l’écran cardio).
Remettre l’église au centre du village
Un changement devait opérer dans ma pratique sinon je risquais d’abandonner. Je me suis donc remis sur des rails plus réguliers, du travail d’endurance pur, 3 fois par semaine minimum, des séances plus courtes. Il est préférable de courir 3 fois 30 minutes sur une semaine plutôt que faire une seule sortie d’1h30. C’est le rythme que je me suis imposé depuis la fin de l’été 2016 et que je poursuis encore maintenant. Et ça paye du feu de dieu !
Déjà, l’évolution a été notoire très rapidement. Mes capacités (je préfère ce terme à performances) se sont vues améliorées, je cours mieux, plus longtemps, plus vite, même si je reste un coureur lent. J’ai suivi ce travail de fond pendant plusieurs mois et c’est cet hiver que j’ai commencé à ajouter un peu d’entraînements spécifiques : travail de côte, tempo et un peu de fartlek. Mes semaines maintenant suivent en gros le schéma classique suivant :
- Lundi : endurance fondamentale (environ 1 heure/10km)
- Mardi : repos
- Mercredi : spécifique
- Jeudi : repos
- Vendredi : endurance fondamentale (environ 1 heure/10km)
- Samedi : sortie longue
- Dimanche : repos
En réduisant ma charge d’entrainement par séance mais en l’étalant plus dans le temps, j’ai repris un réel plaisir à courir. Je ne suis plus lessivé, même après une sortie de plus de 10km, je termine avec le sourire en ayant le sentiment d’avoir fait les choses bien.
Donc ce fameux plaisir ?
Deux choses font que courir devient vite un plaisir, vous l’aurez deviné, d’une part courir moins vite, en aisance respiratoire. C’est un plaisir de l’instant, on court sans que cela soit difficile, sans pousser, c’est forcément agréable. Il ne faut pas croire que cela ne sert à rien, que c’est inutile d’aller lentement, bien au contraire. Chaque fois que vous choisissez les baskets plutôt que la télécommande de la télé, c’est de la santé et des jours que vous ajoutez à votre capital vie.
D’autre part, ne pas prolonger inutilement une séance va favoriser le sentiment de faire un sport sympa. En se fixant une durée de 30 minutes, 45 minutes ou 1 heure maximum, et en s’y tenant, on garde cette notion de faire un effort physique bénéfique pour son corps, son moral et son esprit, tout en étant moins usé. Encore une fois, pour les moins téméraires qui veulent sortir de leur salon, essayez d’aller courir, marcher au début s’il le faut, ne serait-ce que 20 ou 30 minutes, mais plusieurs fois par semaine. Installez une routine qui vous prend très peu de temps. Vous allez voir que cela va devenir une motivation, et que cela va vite devenir naturel.
Ce fameux plaisir s’immisce petit à petit dans la pratique de la course à pied, c’est indéniable. Cela commence en général par une excitation pre-run, on se lève le matin et on est content juste à la pensée qu’aujourd’hui c’est running ! On passe sa journée de boulot à ne penser qu’à en sortir pour aller chausser les baskets. C’est limite euphorisant 🙂
Ensuite le réel plaisir de l’action de courir est directement lié à ce qui est expliqué dans les deux premiers paragraphes de ce chapitre. A savoir ne pas se fatiguer inutilement. Lorsque l’on commence à bien améliorer ses capacités aérobies, à courir sans (trop) s’essouffler, il est logique que cela induise du bien-être, la course se déroule aisément, on fait un effort sportif et tout se passe bien au niveau physiologique.
Bien entendu, le plaisir de courir peut provenir de choses totalement différentes suivant la personne, suivant le niveau de pratique. Certains recherchent un plaisir dans l’effort intense, dans la douleur. No pain, no gain. Mais cet article se focalise sur une approche débutante, afin de motiver des personnes désirant se mettre à courir, leur expliquer ce mystère du plaisir de l’effort et démontrer que l’on peut devenir accro à la course à pied. Et c’est moi qui le dit, il y a moins de 2 ans, j’étais « No sport. » et pas plus tard qu’hier, j’ai fait une sortie longue trail de 27 km !
Et vous, quelles sensations le running vous donne-t-il ? Avez-vous passé le stade où courir devient vraiment un plaisir ? 🙂
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