Le trail running, c’est l’action de courir sur les sentiers, en nature, cette nature parfois charmante, parfois hostile, mais toujours surprenante. Parcourir des chemins dans la montagne, au milieu des arbres, longer un torrent, surprendre ou se faire surprendre par la faune, tout est immanquablement source d’émerveillement dans la pratique de ce sport.
Au japon, le Shinrin-yoku (*) est une pratique qui consiste simplement à passer du temps en forêt en pleine conscience de ses sensations afin de prendre un bain de forêt (traduction littérale de Shinrin-yoku 森林浴) pour des raisons de bien-être et de santé. Bien que sensiblement différent dans l’approche, ma pratique du trail s’apparente beaucoup au Shinrin-yoku en ce sens que j’essaie au maximum de m’imprégner de l’environnement, tout en courant je reste attentif aux éléments et aux êtres qui m’entourent.
Le trail est pour moi propice à une communion avec la nature qui est logiquement étroitement liée avec mes propres sensations. Par exemple, pas plus tard qu’il y a quelques jours, lors d’une de mes sorties de fin d’après-midi après le travail dans les forêts au dessus de la maison, après une ascension quelque peu éprouvante dans la chaleur de ce mois de juillet, j’arrive à un replat en sous-bois. Le soleil filtre faiblement au travers des arbres, malgré la température, un léger vent permet de me rafraichir. Le moment est délicieux. J’en profite pour ralentir l’allure et capter au mieux ce qui m’entoure. Les brindilles et le restant de feuilles craquent sous mes pieds, des oiseaux chantent dans les arbres à proximité de mon passage, l’air frais effleure mes bras, mes jambes et mon visage, des jeux d’ombre et de lumière m’encerclent et changent constamment. Je prends conscience de toutes ces petites choses et de leur valeur. Cela peut durer plusieurs minutes, ou quelques secondes avant qu’un passage technique ou qu’une montée raide ne s’annonce, mais ce sont des moments privilégiés, qui se répètent et qui sont trop souvent ignorés par le soucis d’une course à pied axée performance et sportive.
Les rencontres font également partie intégrante de cette expérience. Presque à chaque sortie j’ai le plaisir de me faire surprendre par un chevreuil, lorsque ce n’est pas une buse, voir un épervier qui, étonné de voir arriver soudainement un bipède, prend son envol pour se réfugier un peu plus loin ou un peu plus haut. Le bien être peut se manifester rien qu’à l’écoute du son des coups de bec du pic contre les troncs, du clapotis de l’eau d’un ruisseau ou du bruissement des pas d’un animal dans les fourrés.
Trottiner sur les chemins est un émerveillement permanent.
(*) En France on pourra parler de sylvothérapie, apparentée à un mode soin, qui se pratique d’ailleurs dans les Vosges.
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