Merci à Fabien de me permettre d’écrire un petit article sur son site. Je suis Mickaël, aventurier de son existence, et j’écris habituellement sur Courir un Trail ! Mais trêve de blabla, le départ va être donné…
Le corps est un royaume où chaque organe veut être le roi
Grand Corps Malade
En tant que traileur, je ne peux qu’être d’accord avec ce grand monsieur.
Chaque jour, je tente d’affiner la perception de mon corps, et chaque jour, je ne peux que constater que l’esprit (ou plutôt, le singe fou qui joue à l’alchimiste avec des pensées vagabondes) n’est pas séparé du corps.
Que ce singe ne mérite même pas le statut d’entité distincte, tellement il est lié au corps, et inversement.
Je suis un individu. Individu signifiant : ne peut être divisé.
Et rien n’est plus approprié que le fait de se déplacer à pied – en marchant ou en courant – dans un milieu riche en rebondissements – disons, au hasard, la montagne (voir les Vosges !).
Se déplacer, c’est mettre en branle tout un noble organisme, qui finit au bout de quelques (dizaines de) kilomètres, par passer de l’adjectif « noble » organisme à « putain » d’organisme.
Excusez-moi pour ce juron.
Il faut avoir vécu la phrase d’ouverture de cet article pour me pardonner ce vocabulaire. D’ailleurs, si vous êtes traileur, je suis sûr que ce grossier putain vous apparait comme un doux et presque innocent euphémisme.
N’est-ce pas ?
Imaginez donc votre corps.
C’est votre royaume, en ce bas-monde (un peu moins bas, si vous êtes au sommet).
Et pourtant, la rébellion gronde. Plus les kilomètres sont avalés, plus votre corps écrit la prochaine saison de Game of Thrones.
Flatteries, trahisons, coup bas, prises de pouvoir et renversements se succèdent à une vitesse où seul votre souffle peut vous sauver (à moins que des dragons n’arrivent).
Chaque organe, chaque groupe de muscles semble avoir un avis sur la situation, et compte bien le faire entendre.
Comment peut-on être dans un environnement aussi magnifique – montagne, forêt, les fleurs qui s’ouvrent et les oiseaux qui chantent – et subir tellement de contradiction à l’intérieur même de nous-même ?
Il est connu que les muscles s’épuisent.
Soit.
Mais les articulations pourraient tout de même faire un petit effort, non ?
Bientôt, il faudra emporter avec soi son bidon de liquide synovial – l’huile de moteur pour les gens – à injecter au ravitaillement, tout en dégustant une barre crue remplie de glucides.
D’ailleurs, qui est l’homme d’affaire de génie qui nous a convaincu que c’était possible de courir et de manger, dans un laps de temps assez rapproché ?
Connaissez-vous des gens qui partent la fleur au dent, se régalent à chaque pause, et peuvent ainsi gambader, gambader, sans que l’estomac ne cherche à étrangler les abdos avec les 6 mètres disponibles de l’intestin ?
Il y a des choix à faire dans la vie, je crois bien.
Scott Jurek a beau proclamer Eat and Run dans son livre, pour moi, il faut choisir : manger ou courir.
Les muscles, les articulations, la digestion…
Et ce singe qui sautille en profanant des interdits :
Arrête, tu vas mourir.
Continue, sinon, t’es qu’une cloche.
Si tu continues, je me fais péter une artère.
As-tu des péchés à te faire pardonner ?
C’est magnifique… Pourquoi partir d’ici ?
À vrai dire, je crois qu’il n’y a aucun soutien à attendre de la part de notre encéphale. L’homme pensant devient l’homme pansant.
Le corps humain est un royaume… au bord de la révolution. La prise de bastille n’est plus très loin. Des têtes vont tomber, suivies de tout le corps.
Courir était pourtant une bonne idée à la base, alliant la légèreté à la poésie, l’effort à la beauté des paysages. Malheureusement, je crois qu’un dissensus profond tente d’enrayer tout effort de béatitude.
J’étais pourtant parti pour écrire un texte rendant hommage au sentiment profond et mystique lié à la forêt. Sentiment perçu lors de course en communion avec la nature. Mais il faut se rendre à l’évidence.
Le type qui s’est dit que courir en montagne serait une chouette idée, alors que marcher est déjà une épreuve, doit avoir un pet au casque. Cependant, le plus étonnant n’est pas ce marginal. Mais peut-être les milliers, que dis-je, les millions de barjots qui, jour après jour, éprouvent cette idée au plus profond de leur être.
Le monde est fou !
Et sinon, qui veut venir courir avec moi ?
Mickaël de Courir un Trail !
P.S. : En écrivant ce court texte, je ne pouvais que penser à l’humoriste et ultra-traileur, Yohann Métay. Si vous avez l’occasion de le voir, c’est sans conteste pour moi, l’un des meilleurs humoristes du moment, toutes disciplines confondues…
Merci Mickaël pour cet article plein de fraîcheur et d’humour, sur un sujet très intéressant. J’invite tout le monde à visiter son site Courir un Trail ! où vous trouverez des articles sur ce même ton bourré d’énergie.
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